Jeunes, passionnés et… gestionnaires de musée! ─ partie 3

Les bâtiments patrimoniaux sont au coeur du Chemin des Cantons et plusieurs hébergent un musée, une société historique ou un centre d’art qui font vibrer leur communauté respective. La réouverture récente des musées puis des salles de spectacles en Estrie constitue l’occasion idéale pour reprendre la route et aller à la rencontre trois jeunes gestionnaires dont le dynamisme combat les idées reçues sur leur métier. Leurs organisations respectives ont du s’adapter en cette période complexe et proposent des activitées repensées, actuelles et bien vivantes. Dans ce troisième et dernier article de cette série, on vous présente trois personnes de l’ombre sans qui nos musées et centres d’art n’auraient pas le même impact!

David Lacoste, Marie-Eve Bourdages et Aude Gendreau-Turmel
David Lacoste, Marie-Eve Bourdages et Aude Gendreau-Turmel

David Lacoste

Titre : Directeur général
Lieu : MHIST – Musée d’histoire de Sherbrooke
En poste depuis 2019

Y-a-t-il un parcours typique pour devenir gestionnaire de musée? Si oui, David Lacoste ne l’a pas suivi! Bien que formé en histoire, il a plutôt travaillé comme conseiller dans des cabinets politiques pendant une douzaine d’années, puis comme gestionnaire municipal avant d’arriver au MHIST comme membre du conseil d’administration. Depuis deux ans, il a pris la barre comme directeur général de l’organisme.

David adore les salles d’exposition du musée, mais il a une préférence pour le service d’archives, où on trouve toutes sortes de vieux documents, livres, journaux, cartes, plans, photographies et plus. En somme, « c’est l’endroit où l’on garde la mémoire locale, régionale et nationale. »

Dans ses temps libres, David s’avère être un amateur de jeux vidéo, « principalement les jeux de hockey où je me plais à administrer des équipes de la LNH. » Comme quoi la gestion ne le quitte jamais vraiment!

Il lui est difficile de choisir un seul lieu préféré sur le Chemin des Cantons, outre le MHIST, parce que, pour lui, cette route touristique est remplie de lieux et points de vue merveilleux. « J’aime les lieux qui racontent leur histoire », précise-t-il en évoquant des secteurs comme North Hatley et la mine de Capelton.

Parmi les incontournables du MHIST, David suggère d’essayer l’outil de reconnaissance vocale dans l’exposition permanente Mémoires sherbrookoises. En lisant à haute voix la légende du Pin solitaire (Mena S’en), la légende prend forme, en image, sous vos yeux. On peut aussi découvrir jusqu’au 30 avril le « Projet Avant/Après » du Club photo de Sherbrooke, une exposition temporaire spéciale pour le 40e anniversaire du collectif. Le musée est ouvert du mercredi au dimanche et le service d’archives du mercredi au vendredi sur rendez-vous.

Exposition Mémoires sherbrookoises au MHIST
Exposition Mémoires sherbrookoises au MHIST (photo fournie, prise avant la pandémie)

Marie-Eve Bourdages

Titre : Co-directrice générale, volet artistique
Lieu : Centre d’art de Richmond
En poste depuis février 2020

Non, il n’y a pas qu’une seule directrice générale au Centre d’art de Richmond : Marie-Ève Bourdages partage cette position avec Mireille Soucy, co-directrice au volet gestion et tout nouvellement en poste. Le choix d’une codirection pour le Centre d’art de Richmond est récent et plutôt rare dans le milieu. Pour les principales intéressées, cette formule s’avère extraordinaire puisqu’elle permet de miser sur les forces complémentaires de chacune et de partager les tâches dans un esprit de collaboration et de gestion horizontale, en plus de favoriser la conciliation travail-famille.

Marie-Eve Bourdages a étudié en histoire de l’art et en communication avant de travailler pendant près de 10 ans dans l’industrie culturelle, notamment comme relationniste de presse dans une maison de disques montréalaise. Elle s’était lancée à son compte avant de s’établir à Richmond, mais a finalement saisi avec bonheur l’occasion de prendre la direction artistique du Centre d’art.

Le Centre d’art de Richmond est situé dans le Couvent Mont Saint-Patrice, datant de 1884, ce qui donne au lieu beaucoup de son charme. Marie-Eve aime particulièrement le réfectoire et l’ambiance qui y règne : « C’est convivial, chaleureux. J’aimerais voir des expositions se succéder dans ce bel espace. »

Bien sûr, son intérêt envers les nouveautés en musique nous étonne peu étant donné ses expériences de travail dans l’industrie du disque, or elle a un penchant assumé envers des artistes disons moins tendance : « je trouve qu’une soirée n’est jamais complètement réussie tant qu’elle ne se termine pas par un bon mix de chansons de Dalida, Rafella Carrà et Claude François, pour ne nommer qu’eux! « Laissez-moi danser! » » Si vous n’avez pas la chanson dans la tête à ce point-ci, chapeau!

Le lieu préféré de Marie-Eve sur le Chemin des Cantons est le village de Frelighsburg. C’est pour elle un endroit magnifique et dynamique qu’elle se plait à visiter chaque saison.

Le Centre d’art de Richmond vient tout juste d’être autorisé à tenir des spectacles dans sa salle avec le retour de la région en zone orange. Parmi les représentations à venir, on note la venue de l’humoriste Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques le 27 mars et du trio jazz MISC le 22 mai. Enfin, l’école de musique du Centre d’art propose plusieurs cours (piano, chant, guitare, batterie, accordéon, etc.) à la population locale.

Centre d'art de Richmond
Centre d’art de Richmond

Aude Gendreau-Turmel

Titre : Directrice générale
Lieu : Centre d’art Rozynski, à Barnston-Ouest
En poste depuis 2016

« Le destin et ma mère semblent avoir tous deux beaucoup joué dans la manière dont je suis aboutie à ce poste. » C’est ainsi qu’Aude Gendreau-Turmel aborde son parcours. Sa mère, anthropologue de formation, a été directrice de la recherche, de l’évaluation et de la conservation au Musée de la Civilisation de Québec. À sa retraite, elle s’est initiée à la poterie et a convaincu Aude de l’accompagner. Celle-ci a continué cette pratique comme loisir artistique tout en poursuivant des études en histoire de l’art à l’Université Laval puis à l’University of British Columbia à Vancouver. Quand s’est présentée la chance de développer et mettre sur pied le premier centre d’artiste spécialisé en céramique au Québec, elle n’a pas reculé devant le défi. La riche histoire artistique du lieu l’a particulièrement séduite, l’école Rozynska Pottery ayant joué un rôle majeur dans le développement de la céramique d’art au Québec. Comme première directrice du Centre d’art Rozynski, absolument tout était à faire, allant du tri des objets ayant appartenu au couple Rozynski à la structuration du Centre et au développement des activités de l’organisme, avec le soutien du conseil d’administration.

Son endroit préféré du Centre d’art, c’est le majestueux four à gaz installé au coeur du bâtiment, qui rythmait la vie et les cuissons des poteries à l’époque de l’école. Fabriqué à la main par les Rozynski en 1964, ce four de très grande dimension possède deux chambres avec un système de récupération de chaleur permettant de faire deux types de cuisson en même temps. Les normes de sécurité incendie ayant toutefois beaucoup évolué depuis les années 60, le four doit recevoir une nouvelle certification et être adapté au code du bâtiment, ce sur quoi Aude travaille depuis 5 ans : « Le jour où ce dragon crachera à nouveau du feu, je ne pourrai retenir mes larmes, et je les sens déjà poindre. »

En plus de la céramique, Aude apprécie les travaux manuels et le tricot. Ce qui est toutefois plus étonnant, c’est qu’elle est une passionnée de mycologie, soit l’étude des champignons, et quelle est copropriétaire avec son conjoint de la champignonnière Fundus Fungus!

Le patrimoine bâti enthousiasme aussi l’historienne de l’art : elle peine à choisir un lieu préféré sur le Chemin des Cantons, parce que « la diversité des typologie architecturales que l’on y croise en fait toute la richesse ». Elle offre tout de même une mention spéciale à la grange ronde Stanley-Holmes, toujours en fonction et située non loin du Centre d’art Rozynski, ainsi qu’au Musée Eaton Corner, « qui gagne à être connu non seulement pour son architecture, mais aussi pour la richesse de son contenu historique » et dont on espère la réouverture pour la saison 2021.

En raison de la pandémie, le Centre d’art Rozynski avait mis sur pause ses activités durant la dernière année à l’exception des résidences d’artistes. Mais bonne nouvelle! Ses portes rouvriront au public sous peu et une programmation printemps-été sera annoncée. Le Centre prépare aussi l’édition 2021 de Céramystic, une expo-vente de céramique contemporaine se déroulant en plein air dans le hameau de Way’s Mill, à Barnston-Ouest, et prévue du 1er au 10 juillet prochain.

Centre d'art Rozynski, photo par Vincent Cotnoir
Centre d’art Rozynski (photo par Vincent Cotnoir)

Pour en savoir plus sur les différents lieux mentionnés, consultez la section Activités de notre site web.

Merci de respecter les mesures sanitaires en vigueur et d’éviter les déplacements entre régions!

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